C’est finalement l’une des questions que s’est posé Jean-Pierre Charbonneau ce mardi soir aux Ateliers du Jour. Cet urbaniste, consultant en politiques urbaines et culturelles tenait une conférence dans le cadre du cycle « Débats d’urba » 2016 organisé par l’Agence d’urbanisme sud Bourgogne. La deuxième conférence du cycle 2016 s’intitulait « Projets urbains : des vertus de la crise économique ».
Devant plusieurs élus communautaires et du département, le conférencier a dit ce qu’il pensait, sans langue de bois. C’est en s’appuyant sur son expérience qu’il a présenté sa vision de l’urbanisme aujourd’hui.
Quelle vision ?
Jean-Pierre Charbonneau a présenté une approche à contre-courant de la plupart des projets d’urbanisme. Il dit s’opposer aux excès d’investissement et pense qu’on peut faire des projets d’urbanisme y compris avec peu d’argent.
Ce consultant travaille aujourd’hui pour plusieurs villes et métropoles : Montpellier, Bordeaux, Périgueux etc.
C’est un autodidacte dans le domaine. Après avoir suivi sa formation à Chalon, puis les Arts et Métiers à Cluny, Jean-Pierre Charbonneau est devenu conseiller artistique à Rennes. C’est là qu’il s’est intéressé à l’urbanisme. Et c’est dans les années 1980 qu’il a véritablement débuté sa carrière dans le domaine, à Lyon, où il est resté près de 20 ans.
Son métier, il l’a appris en même temps que celui-ci se structurait. Il a notamment appris à travailler avec les espaces publics, les transports, les commerces et à plusieurs échelles. Il a aussi appris à travailler avec les élus.
Il définit son rôle comme étant celui de clarifier les projets politiques et d’aider l’administration à traduire dans le concret. Dans son travail, il accompagne aussi le passage à l’acte. Concrètement à Bordeaux, il a travaillé sur 120 projets. Et ce sont ainsi 1300 sites auxquels il a contribué au cours de sa carrière.
L’urbain pour réduire les problèmes sociaux
Selon le conférencier, l’urbain est une manière d’aider à résoudre des problèmes sociaux. C’est un levier. Cela l’est d’autant plus que la ville est en mesure de passer à l’acte, qu’elle s’intéresse à la vie quotidienne, les séquençages de bus… bref qu’elle est connectée au concret, seul moyen de raliser un urbanisme qui ait du sens.
« On travaille beaucoup sur des grands projets mais on oublie la ville existante. Certes, il faut des choses nouvelles, mais la ville existe déjà. Redonnons des qualités à ce qui existe » a expliqué le conférencier.
Et d’ajouter : « Comment utilise-t-on les éléments de l’urbain pour apporter le bien-être aux habitants ? Comment organise-t-on la circulation de manière correcte ? Etc. »
Au cours de son exposé, le conférencier a expliqué qu’au cours d’un projet d’urbanisme il était primordial d ‘intervenir sur tous les sujets en même temps. Et en même temps, il faut expérimenter des choses moins chères. « On ne refait pas des quartiers entiers. Mais on peut faire des aménagements moins coûteux mais tout autant festifs. C’est une manière d’intervenir tout de suite pour améliorer les lieux sans en faire des projets coûteux » a-t-il expliqué.
Il a ainsi montré son expérience à Saint Etienne où il a été conseiller pendant 12 ans. L’aménagement des anciennes mines a coûté 500 000 € pour une superficie de 12 hectares, comprenant une dépollution du site et une mise en pelouse de celui-ci.
« Je suis pour la réparation d’une ville qui existe déjà »
C’est ainsi qu’il a expliqué ses autres interventions, sur les villes de Saint Denis en région parisienne et dans d’autres encore. Il a aussi expliqué que la diversité des matériaux permettait une plus grande souplesse dans l’aménagement urbain et dans les coûts induits par ceux-ci pour les collectivités.
« Ce qui est important, c’est d’apporter des qualités aux lieux avec les moyens du bord » a-t-il ajouté.
Places de parkings, valorisation des cours d’eau, circulation des usagers piétons, cyclistes, automobiles… Le conférencier a expliqué pourquoi d’après lui un projet d’urbanisme devait tenir compte des usagers et comment… afin que le projet ne reste pas une simple attention. La concrétisation a été son leitmotiv tout au long de la soirée. Et les élus avec lesquels le conférencier a échangé y ont été d’ailleurs très sensibles.
Des solutions nombreuses et moins coûteuses
Les solutions sont aussi nombreuses que les situations, l’essentiel étant de réfléchir à ce qui préexiste, d’analyser ce qui doit être en priorité assuré et d’imaginer des solutions adaptées. L’économie générée est en moyenne de 30 % et le résultat final qui sollicite l’intelligence et la créativité se révèle à la fois astucieux, positif, gai et respectueux du milieu.
Une bonne nouvelle pour tous les citoyens ! Avoir une belle ville à un prix réduit est donc tout à fait possible pour le conférencier.
Prochain débat, lundi 6 juin à Chalon-sur-Saône à Nicéphore Cité : De la data City aux communs, scénarios pour une ville connectée. Cette conférence sera présentée par Valérie Peugeot, prospectiviste.
EM