C’est en présence de nombreux élus de la communauté urbaine le Creusot-Montceau, du département et de Monsieur le Préfet de Saône-et-Loire, que la nouvelle usine d’eau potable de la Couronne au Creusot a été inaugurée ce samedi.
L’inauguration de l’usine a été l’occasion pour chacun de rappeler son attachement à ce bien commun qu’est l’eau. En arrière-fond, le projet de la mine de fluorine sur le plateau d’Antully a été évoqué par plusieurs élus, soucieux de la qualité de l’eau et de la sécurité sanitaire des citoyens.
Ainsi André Billardon, Maire du Creusot a rappelé l’investissement de première importance réalisé dans ce projet. Puis il a rapidement indiqué l’importance de l’eau dans notre vie quotidienne : « L’eau, c’est tantôt un bienfait, un bien précieux, tantôt un cataclysme avec les coulées de boue par exemple. L’eau est l’objet de plus en plus de défis immenses. »
Puis le Maire creusotin est revenu sur le projet d’ouverture d’une mine de fluorine sur le plateau d’Antully : « Maintenant il vient la question de l’exploitation de la fluorine près de l’étang du Martinet. Nous ferons, Monsieur le Préfet, toutes les études nécessaires pour protéger nos réserves d’eau ».
L’introduction de l’inauguration s’est poursuivie par la présentation de l’usine et du contexte de l’eau sur le territoire communautaire. En effet, jusqu’en 2017, Veolia a un contrat d’affermage (ou contrat de délégation de service public) avec la communauté urbaine et gère la distribution d’eau et l’assainissement pour la CCM.
Aujourd’hui sur la CCM, la prestation de distribution d’eau potable concerne 45000 abonnés, pour 1200 km de réseau et 5,5 millions de mètres cube d’eau distribués. L’assainissement concerne 40000 abonnés pour 770 km de réseau et 40 stations d’épuration.
Particularité de la CCM, la ressource en eau est constituée d’eau de surface alimentée par retenue par 5 barrages et 6 sources. Cette eau est chargée naturellement de matières organiques et minérales en suspension ou dissoutes.
Or cette particularité nécessite un traitement complexe de l’eau pour la rendre propre à la consommation. A contrario, les ressources en eau sont majoritairement souterraines sur le territoire français et fournissent une eau consommable avec une simple désinfection.
L’usine de la Couronne est donc conçue pour répondre à cette particularité.
Il existe aussi des services d’eau industrielle, pour la zone industrielle du Creusot, celle de Torcy ou encore les usines du bassin montcellien, notamment l’usine de Michelin.
L’activité annuelle de Veolia sur le réseau communautaire se résume à environ 650 réparations, un rendement de 78% (présenté comme nettement supérieur à la moyenne nationale) sur un réseau rural. D’ici 2018, l’objectif de rendement du réseau est de 83 %.
Une autre particularité : l’usine de la Couronne est située dans un environnement urbain.
Elle y bénéficie des dernières technologies de traitement de l’eau. Elle intègre sur un même lieu les réservoirs de stockage d’eau brute et d’eau destinée à la consommation, ainsi que tout le processus de traitement dans un espace limité. Elle est également gérable à distance, par des employés qualifiés. Son fonctionnement et toute anomalie peuvent être constatés par un logiciel complet, permettant de piloter l’usine à distance le cas échéant.
Une nouvelle usine pour en remplacer deux
Avant la mise en service de la nouvelle usine de la Couronne, le 18 juin 2015, l’ensemble du dispositif de production d’eau potable de la communauté urbaine comprenait trois usines :
- la Sorme qui couvre la majorité de la zone sud de la communauté urbaine, rénovée de 2007 à 2010,
- la Couronne et la Marolle qui couvraient la majeure partie de la zone nord et Uchon.
Les études préalables au projet de rénovation des deux usines de la zone nord ont montré qu’à terme, il fallait abandonner ces deux unités pour en construire une neuve sur le site de la Couronne.
La communauté urbaine Creusot Montceau a, dans le cadre de la délégation de service public, confié à Veolia Eau la construction de la nouvelle usine d’eau potable de la Couronne au Creusot. L’objectif était de doter le nord du territoire d’installations plus modernes. Contrainte importante pour le chantier, sa construction a dû se faire sur un espace très limité et sans interrompre le fonctionnement des deux anciennes usines de la Couronne et de la Marolle.
Ces travaux étaient indispensables à terme à cause du vieillissement des deux usines creusotines et parallèlement, du fait de l’évolution des exigences réglementaires.
Le coût des travaux s’est élevé à 10,8 millions d’euros, pour un chantier qui a duré deux ans.
Inauguration et visite de la nouvelle usine
De l’avis de tous, la nouvelle usine est un petit bijou technologique, à la pointe des dernières technologies en matière de traitement de l’eau. Le responsable de Veolia Grand Est a ainsi parlé « d’une usine résolument tournée vers l’avenir, en mettant à disposition une eau de qualité, qui demeure une ressource fragile et rare ».
Après avoir coupé le ruban tricolore, chacun a revêtu une casquette de sécurité et la visite a pu débuter.
Pendant la visite, les élus, Monsieur le Préfet et les riverains invités ont écouté les explications techniques, présentées avec le plus de pédagogie possible par des salariés de Veolia.
Le discours pédagogique s’est poursuivi à l’issue de la visite, par les propos de David Marti rappelant résolument « que l’eau est un bien précieux et universel. »
Et d’ajouter : « La réserve d’eau totale de notre planète représente 1 milliard 360 millions de mètres cube d’eau. 97% de cette eau se trouve dans les océans, 2% dans les glaciers, 1% dans les eaux souterraines et 0,02% dans les lacs et les mers intérieures. En France, 59% de l’eau est réservé à la production d’énergie, 18% à la consommation de la population, 12% à l’irrigation des cultures et 11% à l’industrie. »
Le Président de la CCM a souhaité prendre de la hauteur en ajoutant que « l’échelle communautaire est une infime partie de la question de l’eau. C’est un sujet très sensible. Nous sommes d’ailleurs très vigilants sur nos ressources et ce qu’elles peuvent devenir, du fait de nos caractéristiques. ».
Fallait-il consacrer 10 millions d’euros à cette usine ?
C’est Philippe Baumel qui a posé la question pour mieux y répondre.
Il a indiqué ainsi : « L’eau est un droit pour les humains. Nous devons pouvoir la distribuer aux citoyens avec une exigence de transparence. D’ici quelques mois, la CCM aura des choix important à faire. Dans un souci de service et de transparence, il faudra entendre nos citoyens. Par ailleurs, nous avons tous un projet qui nous tient à cœur : celui de la mine de fluorine. Sincèrement peut-on mettre en danger nos ressources face à un projet qui ne nous apporte à l’heure actuelle aucune garantie ? Il faut avoir un maximum de garanties pour être sûr d’avoir la sécurité maximale pour nos citoyens. »
Après ces propos, c’est Gilbert Payet, Préfet de Saône-et-Loire qui s’est exprimé :
« Je suis ravi d’être présent avec vous pour l’inauguration de ce projet. Nous avons des inégalités planétaires, mais aussi au niveau national, comme la communauté urbaine qui doit faire des investissements conséquents pour traiter et distribuer une eau de surface, de qualité. Sur ce point, l’Etat a apporté son aimable pression, après avoir tenu constat de la mauvaise qualité des deux précédentes usines. L’agence de l’eau a apporté sa contribution. »
Et d’ajouter s’agissant du projet de la mine de fluorine sur le plateau d’Antully : « Nous ferons preuve face aux projets de la même bienveillance que pour le vôtre. Nous devons avoir toutes les garanties. Aujourd’hui nous n’avons pas le moindre dossier. Et je suis convaincu qu’à l’automne, nous n’aurons pas de dossiers. Nous devons appréhender cette affaire avec sérieux et la même objectivité que pour tous les autres projets ».
Le financement de l’usine en détails
Le financement de l’usine a principalement été obtenu par le contrat d’affermage et une avance de l’agence de l’eau :
- 5 860 000 € contrat d’affermage,
- 3 240 000 € avance de l’Agence de l’eau remboursable sur 15 ans,
- 150 000 € effort financier consenti par Veolia,
- 1 070 000 € obtenu par la révision de la grille tarifaire pour la période allant du 1er
juillet 2013 au 31 décembre 2017,
- 1 040 000 € remboursé par la communauté urbaine à Veolia au terme du contrat d’affermage, à partir de 2018 ; il s’agit de la valeur résiduelle maximale : toute dépense supérieure sera prise en charge par Veolia, toute dépense inférieure sera prise en compte pour diminuer d’autant cette valeur résiduelle. Pour ce faire, une clause d’intéressement a été introduite dans le contrat : les gains seront partagés par moitié entre Veolia et la CUCM.
Des travaux réalisés dans les temps
Le chantier de l’usine a démarré en septembre 2013. Il a tout d’abord consisté en la démolition de l’un des deux réservoirs, celui de 3 000 m³, afin de faire de la place pour débuter la construction de la nouvelle usine. L’installation, par Veolia Eau, des équipements de traitement a commencé à l’été 2014, après la réalisation du gros œuvre. La phase « eau potable » s’est terminée début 2015 et la mise en distribution aux usagers s’est effectuée le 18 juin 2015, après une période de plusieurs mois de contrôles de la qualité de l’eau, de tests des équipements et de contrôles des installations validés par l’Agence régionale de la santé (ARS).
Ensuite, comme l’a indiqué l’un des responsables Veolia présent, les travaux se poursuivront : l’ancienne usine de la Couronne sera démolie et remplacée par une filière de valorisation des terres de décantation, issues des traitements de l’eau, qui seront recyclées par épandage agricole. Ces travaux devraient démarrer en juillet 2015 et s’achever au printemps 2016. Pendant cette période, les terres de décantation sont traitées avec celles de l’usine de la Sorme avant d’être valorisées via épandage agricole.
A l’issue de ces travaux, le site de la Couronne sera totalement remis à neuf.
Il est d’ores et déjà opérationnel pour la distribution d’eau et en exercice.
Émilie Mondoloni